en week-end
à la campagne

luxe campagne


C'est quand même pas compliqué de raconter une journée de week-end à la campagne. Ben ouais mais si, c'est compliqué parce qu'il faut tout expliquer, la lumière, les odeurs, le temps, les impressions les bruits et que je ne suis pas écrivain. Je me souviens bien de tout, mais, ho et puis merde j'en ai plein la main du criterium, oui, j'écris avec un criterium, j'aime bien, c'est fin et gras. Mais comme je suis gauchère je balaie tout ce que j'écris ou je dessine, et ça devient sale - ça je n'aime pas, ça me contrarie.

maison de campagne le week-end des enfants chaises pliantes de jardin marguerites du week-end

Week-end campagne

On ne part plus en week-end le vendredi soir, parce qu'on est crevé et que l'on arrive plus à faire les bagages, alors c'est le samedi matin. Le vendredi soir, dans mon lit, je fais de longues listes - pour ne rien oublier et le lendemain, j'ensaque et je raye avec satisfaction, des vêtements, des provisions, des livres et des disques, parce qu'on sera super bien en pleine campagne à écouter au plus fort un U2 ou un Antony and the Johnson et si le week-end est pluvieux, un Satie et que c'est bien de mettre des livres sur le lit en fer près de la cheminée même si on ne les lit pas. J'ai l'impression d'apprivoiser les lieux, je pose ma montre sur la table de nuit, les chaussons des enfants à l'entrée de la chambre. Tout cela est méthodique beaucoup plus qu'à l'appartement, je ne m'oblige pas, ce serait même un plaisir, la jouissance de marquer le territoire.

on ouvre les fenêtrescourant d'airEn fait, tout se passe comme la préparation d'une cérémonie. À peine garé, on déboule et la famille s'égaye, les enfants courent et se mettent à hurler, c'est comme une explosion, ici ils ont le droit ! Moi, je récupère quelques sacs et c'est lui qui tourne la clé et entre, je le fais quelque fois mais depuis peu, c'est son lieu, moi je le gagne peu à peu par la vie que j'y amène, parce que je n'y ai pas de souvenirs tout au moins ceux qu'il faut avoir d'une maison.
Là on n'est pas égaux.
J'entre dans la maison et sans même regarder je tâte l'odeur et la température, parfois un peu trop humide et froid ou en fin d'été curieusement doux et fleuri parce que les murs sont chauds comme ils disent.
Très vite, on ouvre les fenêtres pas toutes, lui il a peut-être peur que ça claque , moi pour les courants d'air, quand j'étais petite, je m'en moquais mais maintenant, je m'en méfie, ça me fais trop mal de donner raison à ma mère et à ma belle mère...
feu dans la cheminée ancienneAprès nous sommes très conventionnels, lui prépare le feu, comme Charles Ingals et moi j'ouvre les lits avec toujours une petite inquiétude, il y a des mulots, ou des souris, je ne sais pas ce que c'est, ça va vite. J'aime bien les écouter trottiner au petit matin, sur le parquet de la chambre, quelquefois on se regarde, ils ne me dégoûtent pas encore, quoique... Quand il y a des petites crottes noires et fermes sur la cuisinière à bois...
On a décidé de mettre du poison quand on ferme la maison, et quand on reste plusieurs jours on essaie de les mettre dehors.
Le côté de ma main gauche est tout noir maintenant et j'en mets partout tant pis !

Je vais quand même faire un courant d'air pour faire rentrer l'air chaud et chasser le froid de l'autre côté, brancher le réfrigérateur, je ne dis pas frigo, j'aime pas, le remplir, recharger le feu et commencer mon boulot de petite ménagère. D'abord un coup de balai, plusieurs même, un seul ne suffirait pas, la poussière tombe du plafond, des greniers où il y avait autrefois, pas si vieux, du grain, des semences, maintenant il y a nos petits rongeurs et leurs prédateurs, des belles chouettes effraies. Elles aiment les ruines et les maisons en rase campagne abandonnées, alors elles viennent moins. Y'a des vieillerires aussi, comme des trésors, tout est bon à garder comme dans une épave sur une île déserte, parce que c'est ça la ferme c'est notre île.

Le temps passe, le soleil est moins chaud et l'heure de la cérémonie avance.
faucher avec le tracteurLes enfants sont à la source, très basse depuis quelques années, comme le lavoir, près du garage et au pied de la cabane dans les arbres, dans le frêne. Ils préparent des petits fortins de cailloux et de bois sur du sable, des fortins pour les pétards, des tigres je crois, une petite taille qui dégage déjà un bruit infernal. De toutes façons ça fait pas de mal et le tracteur couvre presque les explosions, le tracteur c'est pour faucher l'herbe, c'est lui qui le conduit, le répare. Un très joli jouet : un Johndaire comme y dit avec la barre de coupe sur le côté, une benne derrière, une fourche devant, la cabine qui bringuebale quand il remonte vers le hangar du haut.

fauteuils de jardin en fer forgéVoilà les prémices d'une belle cérémonie, l'odeur de l'herbe coupée, le soleil qui pique à l'ouest, il est temps de sortir la table en fer, 2 - 3 chaises et les fauteuils de ma grand-mère, lourds et pas pratiques à déplacer, on s'arrache les mollets à chaque fois, mais il faut les mettre au fond sur l'ancienne place à fumier, l'herbe pousse bien là... sous les vieux pruniers qui ne donnent plus que pour les loriots du soir. Parce que de là on voit bien la maison, assez loin pour la voir toute entière.

Il redescend du hangar par le chemin, on va travailler encore un peu, avec les rateaux, drôle de rateau en bois comme des antennes du même nom, la fourche et dégager un peu d'herbe coupée. Moi je fais des petits tas que je ramasse et mets dans la vieille brouette, lui, il emmène facilement ses gros tas à la fourche vers l'étang, à brûler plus tard, on ne fait pas de foin on n'a pas de bête.
J'aime bien le voir, il connait ses gestes et je vois bien qu'il est dans son élément. Parfois il sait qu'on le regarde et il frime un peu, il remonte avec sa fourche et la fait tournoyer tout autour de lui comme Caine, ça c'est pas la campagne, c'est ses souvenirs, ceux là je les ai aussi mais il m'énervait le petit scarabée, à tendre l'autre joue, mais en fait il est très bien, je le vois bien maintenant, moi j'étais plus trois filles superbes... pantalon karting et hauts talons, la ville quoi !

Il est temps maintenant, juste là, parce qu'après il fera froid, il est entré dans le carré, moi je reste dehors, je fais mon tour pour voir si mes plantations se réveillent et parfois c'est magique un jour il n'y a rien et le lendemain un petit truc vert qui fend la terre, oui c'est magique parce que je n'ai pas vraiment la main verte, quand je plante quelque chose, je suis si peu les règles de jardinage que je pense que je suis un peu magicienne, car le résultat est là ça pousse. Ou c'est peut-être la nature ?!!!

fête le week-end à la campagneIl ne revient que maintenant parce qu'il ne va pas souvent directement là où il faut, y'a toujours un outil à emmancher, un mur à faire. C'est bien! Il revient avec une bouteille et des verres, c'est ça la cérémonie ? Un apéro ?
Ben ouis, on s'assied devant la maison et on renifle notre vin de sureau de l'année, y'a tout là dedans, les fleurs, les orties, c'est pas facile de savoir même les yeux fermés.


On discute calmement du travail à faire et de l'avenir, c'est le premier soir de week-end dans notre île...



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