Merci à Béatrice Nicodème d'avoir bien voulu jouer le jeu la première pour répondre à nos questions.

Son point de vue correspond très bien à l'esprit de notre site : pour nous aussi, le luxe n'est pas dans l'accumulation des biens de consommation...

Découvrez sa vision des choses !

Béatrice Nicodème

luxe campagne

Béatrice Nicodème romancièreBéatrice Nicodème écrit des romans policiers pour les adultes et pour la jeunesse (éditions Le Masque, Hachette, Syros…). Elle a une prédilection pour les intrigues psychologiques chargées d’atmosphère, dans lesquelles elle aime à faire ressurgir des drames enfouis dans le passé (c’est le cas dans son dernier roman, Le Venin du pouvoir, qui met en scène une femme ministre)… Passé qui a la part belle dans sa série historique se déroulant en France entre 1794 et 1804.
Pour les jeunes lecteurs, elle a notamment, avec les aventures de Wiggins, recréé avec bonheur l’univers de Sherlock Holmes. Elle leur propose également de courtes énigmes qu’une lecture attentive doit leur permettre de résoudre (Série Les Enigmes de Futékati).

> Bibliographie

L’année 2007 commence sur les chapeaux de roues pour Béatrice Nicodème, avec deux sorties en janvier. Le Secret de Sir Adrian F. (Ed. Timée) met en scène, dans le Londres de 1893, une jeune journaliste ambitieuse, un restaurateur de tableaux et un peintre excentrique, ainsi que des personnages secondaires mais non fictifs (Oscar Wilde, George Bernard Shaw…). En janvier toujours, réédition d’une des aventures de Wiggins, le jeune vendeur de journaux qui enquête pour Sherlock Holmes dans ce même Londres de la fin du XIXe siècle (Wiggins et Sherlock contre Napoleon, Ed. Syros, coll. Souris Noire). Et en mars, Dossier Mørden (Ed. Nathan, coll. Europa), premier roman, écrit avec Thierry Lefèvre, d’une série policière pour les 11-14 ans dont chaque aventure se passera dans un pays d’Europe (les suivantes conduiront les deux jeunes héros à Venise, Bruxelles, Londres…).

Que représente pour vous la campagne?

Béatrice Nicodème : La campagne, c’est une bulle hors du temps et de l’espace. Où qu’elle se situe, elle est " ailleurs ", apportant le sentiment euphorique d’être (ou de se croire !) hors d’atteinte. On peut y être seul(e) sans jamais se sentir abandonné(e). Quand vient le crépuscule, le concert des chouettes vient vous offrir sa compagnie rassurante… Lorsqu’on se réveille au milieu de la nuit, la respiration du vent apaise d’éventuelles angoisses… Au matin un écureuil détale en vous entendant ouvrir les volets… Une bouffée parfumée de terre et d’herbe vous accueille au seuil de la journée. Innocence et insouciance, silence et bruissement de la vie, sensualité, couleurs et odeurs, il y a tout cela dans la vie à la campagne.

Donnez vous une place à la campagne dans votre travail de romancière?

Béatrice Nicodème : Quand j’écris, je quitte le monde réel pour me glisser dans celui où évoluent mes personnages. Je voyage dans l’espace et parfois dans le temps. Parce qu’elle n’est ni sophistiquée ni superficielle et parce qu’elle est intemporelle, la nature favorise cette évasion.

Dans quel environnement faites vous évoluer vos personnages?

Béatrice Nicodème : La règle est qu’il n’y a pas de règles ! Mes romans m’ont fait vivre tantôt à Paris tantôt en province, à Londres et même à New York, dans le Jura, sur une île bretonne, à la campagne ou à la montagne. Ils m’ont fait explorer l’Angleterre victorienne et la France pendant la Terreur. Quel que soit le cadre dans lequel se meuvent les protagonistes, l’important est de les y sentir aussi vivants si on partageait un moment de leur existence. C’est pourquoi l’écriture des premiers chapitre est parfois incertaine, jusqu’au moment où " on y est "…

Vous connaissez bien la Grande Bretagne, les campagnes britanniques donnent elles des inspirations différentes des nôtres?

Béatrice Nicodème : J’ai eu une relation assez particulière avec la Grande-Bretagne, pour des raisons inexplicables. Le coup de foudre éprouvé lors de mes premières leçons d’anglais ne s’est jamais affadi. Si je croyais à la réincarnation, je serais certaine d’avoir un jour été anglaise ! Les Anglais sont romanciers dans l’âme, ils inventent des histoires avec la même spontanéité que les enfants et savent les raconter comme s’ils vous parlaient, le soir devant un feu de bois. Si bien que lorsque je me promène en Angleterre, en ville comme à la campagne, je ne suis pas totalement dans la réalité : mes lectures s’interposent entre elle et moi, et j’ai l’impression de vivre " en stéréo ", à la fois dans la réalité et dans un monde fantasmatique. Cet état particulier est un excellent terreau pour l’imagination…
Si les termes "campagne anglaise" font rêver beaucoup de gens, c’est parce qu’effectivement elle ressemble bien souvent à un tableau impressionniste, comme si elle n’était pas tout à fait réelle. Peut-être le climat un peu humide y est-il pour quelque chose, car l’herbe y est plus verte qu’ailleurs. Lorsque le soleil descend à l’horizon en la baignant dans cette lumière si belle des pays du nord, elle ressemble au décor d’un rêve… qui peut être aussi un cauchemar, comme dans les bons vieux romans noirs anglais ! Cauchemar ou rêve, en tout cas, elle n’est jamais terne.

Et le luxe dans tout cela ? Que pourrait être le luxe de la campagne ?

Béatrice Nicodème : Si le luxe est synonyme de dépenses excessives pour acquérir ce qui est superflu, alors la campagne et le luxe ne font pas vraiment bon ménage. Si le luxe est ce qui est rare et précieux, alors les plaisirs de la campagne sont un luxe à une époque où on manque souvent de temps pour goûter le présent.

Quelle lecture glissez vous dans votre valise pour un week-end à la campagne, une découverte ou une relecture, un conseil ?

Béatrice Nicodème : Un roman… souvent anglo-saxon ! En vrac, quelques auteurs dont j’offre volontiers les livres : Ruth Rendell pour le noir, David Lodge ou Alison Lurie pour l’humour, Barbara Pym pour la mélancolie… ¨Peut-être une biographie, par exemple celle de Marguerite Yourcenar par Josyane Savigneau… Ou un roman qui se déroule à l’endroit où je vais, et qui va me procurer le sentiment de " stéréo " dont je parlais tout à l’heure…

Quelle est votre actualité ?

Béatrice Nicodème : Je viens de terminer un roman pour la jeunesse qui met en scène un apprenti tailleur de pierre sur le chantier de la cathédrale d’Amiens, en 1242 ; et une sixième aventure de Wiggins, un jeune gamin des rues qui enquête pour Sherlock Holmes et tente de le battre sur son terrain… Dans un proche avenir, un roman (pour les adultes) qui se déroulera à Londres en 1894 et mettra en scène une journaliste très féministe et un peintre un peu paranoïaque…

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